Récit fictif
C’est ici que je ramène l’histoire de Saleha.
☕ Violette Récit fictif basé sur des faits réels Épisode 1 |
C’est incroyable. Je suis là, devant toi, dans un Tim Horton. Je tente de trouver les mots pour exprimer la douleur qui m’habite, pour te faire comprendre l’horreur que j’ai vécue. Les souvenirs me déchirent, me hantent chaque jour. Je dois te les raconter, libérer cette souffrance qui m’étreint. Je suis née en 2003 dans l’est du Congo, près de Oicha, au Nord-Kivu. Les rebelles ADF, ce groupe maudit qui se cache dans la forêt, terrorise la région depuis trop longtemps. Chaque nuit est un cauchemar. Même le jour il y a la peur. Les hommes armés, les cris, les pleurs… Tout est devenu une routine effroyable. Mais il y a eu cette nuit, celle qui a tout changé. Ils sont entrés chez nous sans prévenir. J’ai senti leur regard froid, leur violence palpable. Trois jeunes hommes m’ont prise, m’ont brisée, m’ont laissée marquée à jamais. Mais ce n’étaient pas des rebelles. J’en ai reconnu un. Un militaire. Je suis allée me faire soigner par un groupe de femmes congolaises qui s’occupe de victimes de violences sexuelles. Elles ont pris soin de moi. Elles ont même aidé à faire arrêter le militaire et il a été envoyé en prison. Mais après, sa famille est venue me chercher pour me punir. Heureusement, je n’étais pas là. Mais j’ai dû fuir. Aujourd’hui, chaque battement de cœur me rappelle la douleur. La méfiance envers les autres, l’angoisse constante, les cauchemars qui me hantent… Je suis prisonnière de cet enfer, cherchant la liberté. Je suis contente de te connaître, grâce au RIVO. J’espère que je pourrai bientôt rencontrer une thérapeute. J’ai des chaînes invisibles qui me paralysent. Je veux retrouver la force, la confiance en moi, m’échapper de cet abîme de terreur. Parce que la terreur, elle a continué bien après mon départ. Je t’en dirai plus la semaine prochaine. |